| 3 /12 ans, bafoués violés**J’avais cette anxiété intestine de revoir apparaître le père Lenz avec sa branche de roseau. Maman ne fut de retour que beaucoup plus tard ! Quand elle réapparut avec un sourire, rarement présent sur son visage, je me suis senti soulager, mes craintes venaient de s'envoler comme feuille au vent. Tendant sa main, elle me restitua mes économies récupérées chez mémé, je les lui donnais, sachant qu’elle en avait plus besoin que moi. Aussitôt elle me fit un gros câlin, moment rare, mais fait avec sincérité, même si en me serrant dans ces bras, elle refit saigner mes plaies. Je sais bien que maman n'est pas très expressive en sentiments, mais là, je me trouvais l'enfant comblé, puis elle changeât avec beaucoup de douceur tous mes pansements eux qui avaient suinté un peu plus, et qui avaient traversé mon tricot de corps et mon slip. Tous les soirs après sa journée de travail, et souvent tard dans la nuit Maman en rentrant me réveillait pour changer tous mes pansements. Quand le mois suivant arriva, les marques commençaient sur mon corps tout juste à disparaître. P61
**Certaines blessures avaient du mal à cause de leur grande profondeur. Dans ce même mois de décembre, un soir, elle est rentrée à la maison avec une grosse quantité de cadeaux pour tous et du ravitaillement. Elle avait acheté à chacun d’entre nous un duffel-coat neuf, et une paire de brodequins. Mon frère aîné eut sa toute première montre, ainsi que ma sœur Josiane qui ce donné beaucoup de mal à tenir la maison à peu près propre, même si on lui donnait un coup de main. Ce dimanche-là ! Pour la première fois, nous avons mangé du rôti de bœuf avec des frites et un gros morceau de tarte aux pommes maison. Ses dettes avaient toutes ou partie été résorbées, nous à t’elle dit avec soulagement. Beau-père était une fois de plus absent, il n’a pu profiter ou partagé ce moment divin. Ce qui ne nous semblait pas grave, probable, qu’il aurait foutu la merde en se soûlant la gueule. Dans la semaine qui suivit ce jour de fête, nous n’avons pas arrêté de lui demander si par chance, elle avait gagné à la loterie des gueules cassées. Mais non ! Peau de balle et balai de crin comme disait Nana. P62
**Maman n’a jamais voulu nous donner la réponse, j’ai fini par le savoir, mais beaucoup plus tard, par mémé avec des phrases indirectes du style, c'est moi qui vous habille. En tout cas pour ce qui est de moi, grand-père ne m'a plus jamais frappé. Tout simplement parce que mémé avait demandé le divorce. Je dois être un peu nul, je n’ai jamais eu de rancune envers quiconque, alors de temps à autre, je vais rendre une petite visite à mémé, il est vrai aussi qu’elle n’était pas responsable de ce fait, mais un gosse ne l’entend pas de la même façon. J'allais la voir presque tous les soirs, et chaque fois elle me donne un billet de cinq francs, que je remets dans ma petite boîte toute neuve en fer avec un petit cadenas. Si bien qu’au bout de trois mois, j’avais sans faire grand-chose d’ailleurs récupérer les économies que j’avais offertes à maman et même beaucoup plus. C’est vrai aussi, que j’aide mémé ces fameux soirs à la fabrication de ces cravates en soie. Je lui fais ces découpes grâce à un patron, ça lui permet de ne pas trop se sentir coupable de favoritisme envers moi en me payant. P63
**Moi, je pense que c’est sa façon à elle de se faire pardonner indirectement cette correction infligée par ex-pépé. Chaque fois que je lui rends visite, elle les voit ces marques encore visible, et ce jusqu’à leurs entières disparitions. Mais pour moi, c’est l’occasion de ne rien lui devoir, même si je la soupçonne de rajouter des pièces à mon insu. Je ne lui ai jamais dit, comme ça, elle continue, et mon pécule grimpe plus vite pour les fêtes de Noël. Je n’ai pas de rancune, c’est vrai ! Je ne parviens pas à détester les gens, quand bien même ils furent méchants envers moi. Mais j'ai quand même de la mémoire, celle-ci n'est pas du tout sélective, je n'oublie jamais en général les personnes qui me voulurent du mal, tout comme ceux qui ont été, d'une vraie belle gentillesse vers moi. Ceux qui mon aimé protéger, aider et dans bien des cas beaucoup plus tard (compris en m’aimant sans pour autant me juger). Des mots-clés tous absents du vocabulaire de cette époque, ils le sont encore de même façon sur cette époque soit disant plus ouverte, mise à part de petites exceptions. P64
**Ceux, qui ne vous jugent pas, avaient déjà souffert depuis longtemps des gens et leurs méchancetés, parfois même du mépris de la haine des proches. Tragique le silence du cœur et des non-dits, les regards faux fuyants, les gestes vexatoires, brutaux et intentionnels, les paroles haineuses ! La bêtise humaine na pas de limite. Pouvant même pousser les personnes à ce suicidé, où développer une extrême violence, tant ils se veulent à vous rejeter et cela même à vouloir le faire envers leur propre famille. Je n’ai jamais tout à fait réussi à lui pardonner à mon grand-père, pas plus qu’a mon instituteur du primaire. Lui qui na jamais fait aucun effort pour me faire aimer l’école, je n’étais peut-être pas très doué pour les études, mais surtout ne voyant pas grand-chose sur le tableau noir à cause de ma myopie. À plusieurs occasions, j’en avais fait là remarque à mon instituteur de mon incapacité visuelle ! J’avais beau lui dire que je n'arrivais pas à distinguer les écritures sur ce tableau de merde, qu'il me répondait à un invariable discours, que je n'étais qu'un fainéant. P65
**Et que ma place fût plus encline à se trouver au fond de la classe, l’idée devenait superbe en cela, je ne voyais plus rien du tout, il avait tout gagné. Ce jour-là je lui ai dit dans un accès de colère, que j’en avais marre de ces conneries, mais alors marre de chez marre. Et pour toute réponse à cette déconstruction, je me suis reçu une paire de gifles et éjectée hors de la classe. C’est alors que la colère ma prise. Une de mes crises de nerfs incontrôlables, en le traitant de couillon, de connard de porte-plume encré dans un pot de suffisance, suivi de bourreau d'enfants. Il en est resté bouche bée devant cette phrase, puis en passant devant les tiroirs casiers à lettre d’imprimerie, qui ce trouvait à ma portée, je les lui jetais dans les jambes, tout en sautant par-dessus les tables. Tout ça fut encouragé par les élèves, qui eux, évidemment, se retrouvaient sur un moment des plus récréatifs. Je m’enfuyais dans la cour de récré, et me cachais dans les toilettes, puis à l’intérieur du bâtiment à poubelle, afin d’éviter que l’on me trouve.P66
**Et là, écarter de tous, je me suis mis à pleurer comme un bébé, je me sentais mal aimé, mal compris et écarté de mes envies. La sonnerie de fin du cours se fit entendre, me sortant de ma pleurnicherie, je me faufilais à l'extérieur de l'école, mes copains de classe m'aidant à sortir en ouvrant le portail de l'école. Durant le chemin de retour avec mes copains, ils me disaient waouh putain, on s'est bien marrés, quand tu as foutu la pagaille dans la classe. Pour le lendemain, de toute évidence, dès la rentrée des cours, je me suis retrouvé avec une punition à hauteur de mes âneries, écrire 500 fois : (je ne dois pas rire bêtement et insulter mon instituteur durant le cours). J’étais, disons un petit peu indiscipliné, les fameuses lignes, je les ai faites à ma façon, à la hauteur de mes ambitions de révolté. Sur une page, j'ai écrit le chiffre 1 multiplié 100 fois multiplié par cinq avec la phrase à suivre. Rendant ma copie ainsi faites le jour suivant ! Le prof évidemment na pas apprécié, en, me mettant en retenue avec des punitions moins sympathiques.P67
**Des devoirs à faire dont j'ai le plus horreur, les problèmes de robinets ou de trajet de train, ceci pendant une heure, me confiant tout de même durant cette colle, qu’il m'avait trouvé malin, doté d'un bel humour. Le lendemain, l'instituteur me faisait la surprise de me changer de place, en me plaçant au premier rang. J’allais enfin pouvoir comprendre plus aisément mes devoirs, sans pour autant avoir l’appui du professeur, qui continuait à me harceler sur ma tenue d’enfant de pauvre ! Pour ce qui est de ma myopie, Maman a fini par s’en rendre compte, un jour de consultation chez l’OPH. Je n'ai eu mes lunettes qu'au bout de deux semaines, il était déjà trop tard, je n'avais plus que deux années de classes avant de passer le certificat d'études, mon ambition à rattraper mon retard n'étant pas ma priorité, je l'ai loupé évidemment. Merci M le professeur, je ne peux que vous oublier, vous qui avez réussi à me faire détester mes années de classes, ainsi même, en ayant que tardivement essayé de vous rattraper. Je ne suis pas devenu analphabète heureusement, mais vous m’avez ôté l’envie d'apprendre. P68
**Je ne cherche aucune excuse, mais je suis persuadé que d’autres enfants se sont trouvés avoir vécu ce même genre de problème. Qui comme moi se pose aujourd’hui peut-être la question ! Bref, de toute façon les enfants ont toujours tort. Je sais pertinemment que je ne suis pas attiré vers les études, mais je suis souvent à écrire des phrases, qui son pour moi la représentation de ce que je vis où pense. Ce n'était pas à un journal intime, mais des phrases qui m'apparaissent, n'en connaissant pas toujours le sens, certains mots me laissaient un tant soit peu bloqué. Je me faisais une raison à rechercher leur sens sur le vieux dico de mon frère ou de ma sœur aînée, ils gueulent à chaque fois, me disant que je les embrouille, enfin en parlant poliment. Je ne sais pas comment je parvenais à trouver ces mots qui m'étaient inconnus, ils apparaissaient comme par enchantement dès que je déposais quelques phrases qui me semblaient avoir un sens. P69
Les nerfs.
**je suis dans ma période chiante qui dure depuis plus d’un an déjà, j’accumule des problèmes de santé, me trouvant associé à diverses difficultés nerveuses et psychologiques, tout ça inquiète beaucoup, maman. Je me positionne dans une sensibilité exacerbée, la moindre phrase dite avec un peu de dureté ou tout simplement une remontrance non justifiée, une histoire triste me fait fondre en larmes. Comme exemple ? Dans un film récemment vu au ciné du patronage, au décès de mon héros, je me suis a chialé pendant 20 minutes sans pouvoir m'arrêtait. De même que mes crises de nerfs incontrôlables, arrivant à me couper la respiration, obligeant ainsi Maman à me gifler légèrement pour me faire réagir, ou me stimuler en me jetant de l’eau au visage. Que cela soit à la maison ou dans mon école, je n'arrive pas à me contrôler, quand bien même je faisais mon possible pour l'atténuer, pour moi cela devient une grande interrogation, il m'arrive même d'avoir peur d'en mourir. P70
**Mon petit problème aurait pu passer plus ou moins inaperçu à la maison, ce qui n’était pas vraiment le cas. Mais dans la cour de récréation, ce fut une autre affaire, je vous en donne un aperçu des plus marquants de ce qui fut au grand jour l’étalement de mon plus gros problème du moment. Deux grands de 14 ans en fin d’année d'école sont venus me chercher des noises, en m’insultant du fait que je défends toujours les plus faibles. L’un d’eux me donne une gifle, et afin de pouvoir faire démonstration de leurs forces, histoire de rire un peu la foule décide de me tirer sur les oreilles en tentant de me faire décoller du sol. Un attroupement d’écoliers s’est fait autour de nous, gueulant (du sang, du sang), d’autres qui ne sont que curieux et muets ne bougent pas. Je commence par pleurer et crier, jusqu'à ce que mes nerfs prennent le dessus. Je deviens blanc et commence à trembler sur mes jambes, en prise à une future crise de nerfs, puis d'un coup plus un spasme. Je suis pris d’une colère dévastatrice, me ruant sur le premier en lui enfonçant un doigt dans l’œil ! Un geste fait par inadvertance. P71
**Cela arrange mes affaires et puis c’est bien fait pour sa gueule, celui-ci, apprendra à ne pas me faire chier. Le garçon hurle de douleur, et court vers le préau dans tous les sens, demandant de l’aide. Il gueule à tue-tête (il m'a crevé un œil, il m'a crevé un œil). Je saute aussitôt sur le second de tout mon poids, le faisant tomber à terre, saisissant à pleines mains ses cheveux, je lui cogne la tête sur le sol plusieurs fois, avec une violence que je ne me connaissais pas, jusqu'à entendre un bruit sec et bizarre. J'ai juste entendu un petit craquement, il ne bouge plus et pleur comme un bébé appelant sa mère, moi sans le savoir, je lui ai fracassé le nez. J'ai les mains couvertes de son sang, mais ça ne m'arrête pas pour autant. Je continus de lui frapper la tête sur le sol, prisonnier de cette colère et de mes nerfs, je ne me contrôle plus. Mes frères viennent vite à son secours pour tenter de m'arracher à lui, avant que cela ne s’aggrave. Ils y réussissent en me tirant par les cheveux et les pieds. Les profs remarquent cet attroupement, et s’approchent entendant les cris des élèves. P72
**La mêlée de gamins gueulés à tue-tête de plus en plus fort (du sang, du sang pour la énième fois). Le prof M. Toussaint s'est pointé vers moi, et me secoue comme un arbre fruitier dont il entend bien récupérer les fruits. Puis telle une toupie me retourne, il m’assène une claque si forte qu’elle a dû me décrocher les neurones. Ce qui me remet sur terre et bizarrement me calme aussi, mais il a frappé tellement fort, que je me retrouve avec la lèvre fendue. Mes lippes fendues très largement pissent le sang, elles qui sont fragilisées depuis ma gamelle sur les buses, je suis évidemment renvoyé de l'école, avec un mot pour mes parents. Qui plus est ! Une plainte du père fut déposée pour mettre servit de la tête de son rejeton comme d’une serpillière. Moi qui dans cette folie furieuse incontrôlée, lui ai bousillé le nez, le front et les arcades sourcilières, sans oublier une partie de ces cheveux restés collés au sol avec sa morve de prétentieux abusif. L’homme retirera sa plainte un peu plus tard en voyant, un môme gros comme une arbalète arrivant tout juste à hauteur du menton de sa progéniture. P73
**Mais, avant tout il ne voyait qu’un môme dans une famille tout ce qu’il y a de plus fauché, il exigera tout de même que je fasse des excuses publiques à son branleur. Deux jours plus tard, à la maison, je me prends de gueule avec mon frère Gégé, et durant cette crise de nerfs, je lui plante un couteau dans le ventre. Fort heureusement la lame a le bout arrondi et moi pas assez de force, ce qui le sauvera et me sauvera de cette colère, qui devient vraiment un grave problème. C’est ma sœur aînée, qui réussira à me calmer au bout d’une heure. Le soir même, ayant prévenu Maman de cette histoire, je me suis pris une engueulade de première, elle m'a fait comprendre que j’aurais pu tuer mon frère. Une peur panique m’a aussitôt envahi, et me voilà retombé dans une crise de tétanie par ce stress nerveux, cela m’occasionne une coupure de la respiration, Maman pour me faire réagir comme a chaque fois, elle me jette au visage plusieurs verres d’eau froide. Mais, cette fois-ci la crise a été plus longue, maman a eu peur que j'y reste pour de bon. P74
**Alors pendant le renvoi de mon école, elle prendra un rendez-vous chez le médecin du dispensaire. Le jour de cette visite, elle lui expliquera la durée de mes arrêts respiratoires, et la fréquence qui se fait de plus en plus rapproché et qu’elles surviennent lors d’un gros stress ou d’une émotion trop forte. Un peu plus dans le temps, c'est un médecin-conseil qui fera l'auscultation organisée par la DDASS, et sur les dires de Maman fera son constat, confirmant ces explications, et sur ce, il établira un dossier de prise en charge. Un mois est une semaine plus tard, elle est une nouvelle fois convoquée au dispensaire, via la DDASS qui a décidé de me prendre en charge. Leur décision est prise de m'envoyer pour une période de deux mois et demi dans une maison de repos située en bord de mer. Une station côtière du côté de la Normandie, moi pour le moment, je ne comprends pas vraiment grand-chose à tout ça, mais je trouve superbe que l'on s'occupe de moi. Je me sens pour une fois important au sein de la famille, ou peut-être plus simplement enfin écouté. P75
**Maman a acheté plein d’affaires pour ce congé à venir, une trousse de toilette, et des habits neufs. Chaussure, shorts, dessous et chaussettes. Mémé a absolument voulu lui en rembourser les frais, une nouvelle façon pour elle de vouloir se faire pardonner ses torts, même si dans le cas présent, elle n'y est pour rien. Maman coud mon nom sur toutes les fringues que je vais porter, elle écrit aussi mon nom sur tous les objets que je vais emporter, ainsi que la valise que grande mère lui a donnée. Je commence à trouver que les journées sont longues, j’attends avec impatience de connaître la date de mon départ. J’agace Maman avec mes questions sûres, c’est quoi un centre, je vais y faire quoi, vous viendrez me voir ou me chercher le week-end (blablabla). Ce que je ne sais pas, c’est qu’ils ne pourront pas venir me voir, d’un fait des plus simples, pas d’argent et aucun moyen de transport autre que le train 22, même si la distance n’est pas des plus éloignés de Paris. La marche à pied n’est pas très indiquée pour venir en Normandie, ce que me disait Maman avec ironie. P76
**Les jours passent et les réponses qu’elle me donne sont évasives, me disant que je verrais bien quand j’y serai, que la patience est récompensée. Bref rien quoi ! Quelque temps plus tard, dans un courrier reçu de la DDASS Maman me confirme, que je partirais probablement vers la fin mars, pour ce centre spécialisé. Bon et bien maintenant que je suis au parfum, j’ai arrêté de là barber avec mes questions. Nous sommes en février et sur notre banlieue, il fait froid. La veille, il est tombé des torrents d'eau et dans la nuit tout a gelé. Par la fenêtre, je regarde la cité qui s'est recouverte de neige blanche, comme si l’on avait recouvert la nature avec un manteau de coton. Je pars comme d’habitude pour l’école, en traversant les champs de potager des gardes mobiles. J'ai les genoux dans la poudreuse, je me roule dedans avec un grand plaisir tant elle a cette couleur immaculée, douce et froide. Ce matin contraire a mon habitude, je suis passé récupérer un pote pour faire le trajet ensemble, il y a un beau et grand silence d’hiver neigeux, j’ai cette douce impression d’être comme a rêver. P77
**Une grande tranquillité sereine plane, mis à part le bruit de nos pas dans cette ouate, on continue à faire de belles cabrioles, et une belle bataille de boules de neige. Tant et si bien que l’on a fini par être en retard, alors, on s’est mis à courir comme des sprinteurs pour tenter de rattraper le temps perdu. Quand ! Arrivé à la route qui nous mène à l’école, un coup de frein suivi d’un choc sourd nous arrête net. On aperçoit un camion au bout de la rue, il s'est encastré dans un mur, je me suis mis à courir ainsi que mon pote Roger vers ce bruit pour le moins affreux et inquiétant. En arrivant sur l’endroit du fait, on cherche à comprendre ce qui s'est passé. Un homme âgé est assis sur le trottoir, se tenant la tête tout en pleurant, un vélo plié en deux, traînes à ces pieds. Un tout petit peu plus loin près du trottoir une jeune fille est allongée sur le sol, le corps disloqué et la tête écrasée par une des roues arrière du camion. A cet instant Rogers me donne un violent coup de coude dans l’estomac, en me disant (merde alors ! Regarde). C’est une copine de notre groupe, Milène. P78
**Je n’ai pas compris qu’elle n’est plus de ce monde, tous les enfants pensent être immortels, et c’est ma première vision d’un mort ! Mais un mort que l’on connaît, ça ne me fit rien sur le coup, sauf en arrivant près de l’école où j’ai vomi. Mon pote Roger ne va pas mieux que moi, et en cœur, on s'est mis à pleurer en repensant à la veille. Quand Milène nous parlé de ces supers futures vacances de printemps, qu'elle devait passer chez sa grand-mère en Gironde. Elle nous en avait souvent parlé de ses grands-parents avec la larme à l’œil ! Arrivé en classe, en retard de ce fait bien entendu, tous deux blancs comme la neige tomber la veille. Après que nous nous fûmes bien fait engueuler par le prof, nous avons expliqué à l'ensemble de la classe, le pourquoi de notre venue tardive en cette mâtinée. La véracité de nos dires se fera une heure plus tard, au passage du directeur dans notre classe. Une journée qui s’est terminée dans une tristesse générale. Durant la récré, ce fut un silence des plus marquants à croire qu'il ni avait plus aucun écolier à ce faire la guerre. P79
**Un silence lourd, à part certain de nos copains qui venaient pour se renseigner auprès de nous sur le quoi du comment de cet accident. Question d’où aucune réponse ne pouvait en ressortir, vu que l’on n’y avait pas assisté directement. Les jours qui passèrent avant ce départ pour Fécamp, je les ai subis avec une tristesse pesante. L’image de Milène riante et ensanglanter était devenue mon quotidien toutes les nuits. Je me forçais à un réveil brutal pour échapper à l’image affreuse qui faisait mes nuits, rien ni faisait. Je retournais vers cette perspective de ma nuit où l'horreur s'habillait de sang dans mes rêves. Je parvenais à me réveiller bien sûr, mais les larmes qui venaient accompagné cet éveil ne tarissaient pas. Je me suis mis à me voir vieux avec une barbe blanche et cela me faisait terriblement peur, d'un seul coup, j'avais cette hantise de vieillir prématurément. J’aurais voulu que l’on me dise que la jeunesse est une éternité pour un enfant, mais la triste vérité de cet horrible accident me ramenait à une autre réalité qui ce faisait déplaisante, je pouvais moi aussi mourir dans ma jeunesse. P80
La maison de repos.
**J'ai atteint, mes 12 ans le 14 de ce mois ! Nous sommes le 20 mars 1963 ! Et la DDASS m’envoie en maison de repos pour les ados, donc, les nerfs sont fragilisés par ma trop forte sensibilité et autre problème psychologique ou physique du moment. Je me fais une joie, mais en même temps beaucoup d'appréhension et de peur, malgré mon empressement intensif fait auprès de Maman pour tout savoir. Partir si loin séparé de ma mère, mes frères et sœurs et surtout mes copains et copines, à force d’y penser, cela commence tout de même à pas mal m’angoisser. J’en suis arrivé à faire de vilain cauchemar, me réveillant le corps en sueur, je me voyais avec le visage accidenté, comme celui de ma copine qui m’est toujours resté en mémoire. Le jour de mon départ mes frères et sœurs, non pas pus venir, ils avaient étude ! Me laissant un petit mot, où tous me souhaitaient un bon rétablissement, ma détresse à cette lecture fut si grande que je me suis mis à pleurer en priant maman de me ramener à la maison. P81
**Je mettais coller contre elle, maman après avoir séché mes larmes et m’avoir fait un câlin, étais à me dire au revoir une dernière fois ! Je me suis détesté d'être si fragile. Quand un responsable me héla, en me disant de charger ma valise au lieu de rester à bayer aux corneilles. En montant dans l'autocar, on m'invite à passer à l'arrière, il ni à plus de place à l'avant. Personne ne veut changer son siège avec moi, et sa tombe plutôt mal, je suis toujours malade à l’arrière des cars, je leur dis ! Mais peine perdue, ils n’en avaient rien à foutre, je me suis donc assis à côté d’un garçon qui bien gentiment avec un grand sourire me laissa sa place près de la vitre. Sur le sol comme sur le siège arrière, des bagages sont posés par un manque d’espace dans le coffre, servant à cet effet. J’ai les pieds posés dessus et le car démarre, chaque enfant derrière sa vitre fait au revoir de la main à sa famille. Maman est déjà repartie à cause de son travail, je n’ai donc personne à qui faire mes derniers adieux. Me voilà donc seule la tête appuyée sur la vitre en pleurant toutes les larmes de mon corps. P82
**J’essayais de le faire en silence, le garçon à côté de moi ayant fait le constat de ma grande tristesse me tapa sur le bras et m’offrit un bonbon tout en me souriant, mais je n’arrêtais pas de renifler ma peine. Délicatement il vint de son mouchoir à essuyer mes perles de tristesse. Moi et bien je le laisse faire comme s’il était un de mes frères qui gentiment s’occupe de moi, ce qui n’est jamais arrivé à la maison. Le car roule et durant les premiers kilomètres de ce voyage, je vais à peu près bien, mais sa tangue tellement sur la route que, je deviens nauséeux et prit d’une forte envie de vomir. Je ne parlais à personne sujet à ma trop grande timidité, mais j’étais à rechercher une fin à ce mal. Machinalement j’ai posé ma tête sur les cuisses de mon voisin, celui-ci ne me repoussa pas, au contraire, il me laissa ma positionnée confortablement. Il sortit de nouveau de sa poche son mouchoir, puis épongea la sueur de mon front. Un geste qu’il fit avec une certaine tendresse, tout en me caressant le visage puis il fit doucement avec ses doigts le tour de ma bouche. P83
**Ensuite très délicatement de son autre main, la passa dans mes cheveux, puis il la glissa sous mon tricot de corps, voyageant de mon dos a mon ventre bas-ventre, qu'il caressait ! Je me sentais apaisé et bercé par le ronron du car, ce qui fit que je me suis endormi. Mais un peu plus tard, je me suis réveillé en ressentant quelque chose de dur sous ma joue, ma tête s’est déplacée, elle est posée sur le bas pubis du garçon, et ma main a glissé sur sa cuisse à l’intérieur de son short. Je me suis excusé auprès du garçon, il souriait en me disant que cela n’était pas grave. J’avais cette impression que notre voyage n’en finissait pas, je me suis donc rendormi sur la cuisse du gars, la seule position d’où mon envie de gerber venait à disparaitre totalement. Le garçon me réveilla furtivement tout en caressant mon visage, puis le ventre tout en glissant sa main jusqu'à mon pubis, déposant un baiser sur les lèvres plusieurs fois, sans que j’y prête une attention particulière. C’est la première fois qu’un garçon me fait des bises sur la bouche, ça ne me choque pas, je prends ça comme un geste de tendresse. P84
**Enfin, notre car est arrivé au centre situé du côté de Fécamp en Basse-Normandie ! Il y en a déjà deux autres en stationnement dans la place. Le garçon et moi sommes sortis du véhicule par la porte arrière, machinalement on se tient main dans la main. Des enfants descendent des trois cars en même temps, comme une nuée d’oiseaux sur un champ de blé, je me suis senti apeuré me collant près du garçon, tellement ces piaillements donnent un fort brouhaha. Tout cela me paraît incroyable, moi qui ne suis déjà pas bien, ça me donne un super mal de crâne et mes nausées qui reprennent. Le garçon est toujours à côté de moi, voyant que je me tiens la tête entre les mains, ce dernier se met face à moi, relève mon menton pour y déposer un dernier baisé bien appuyé sur la bouche, tout en me disant qu’il doit rejoindre son groupe. Je le regarde partir sans avoir pensé lui demander son prénom, je regarde tout ce petit monde bougé avec effervescences. Cela me fait presque peur et ma tête va de gauche à droite, et je me faisais le constat qu’un certain nombre d’enfants se connaissaient déjà. P85
**Vas y que je te serre la main, ou d'une petite tape sur l'épaule, moi et bien je cherche une tête qui pourrait me paraître connue, mais non, je ne connais personne mis à part ce garçon, mais il a disparu parmi cette foule. Pour l'heure, nous attendons d'être regroupés avec plus ou moins de sagesse, une foi de plus, je me sens abandonné. Je constatais immédiatement qu’ils ni avaient que des garçons, mais à priori d’âge différent. Des enfants de 8 à 16 ans. Je me suis retrouvé avec les 11 à 13 ans, le gentil garçon du car, celui qui m’a fait une grosse impression n’est pas dans mon groupe. Je me suis donc aventuré à faire la visite des lieux seul pour ne pas me perdre plus tard. Bref ! Je me retrouve donc dans ce centre, avec environ 160 enfants, un nombre que je réussis à compter grosso modo. Les dortoirs se trouvent au premier étage, nous sommes repartis dans des chambres de 12 lits. Chaque espace possède un rideau, avec une petite armoire et une tablette en tête du lit. La cuisine et le réfectoire ainsi que la salle de repos sont au rez-de-chaussée, avec à sa suite toutes les classes. P86
**Je descendais les marches du rez-de-chaussée et je me trouvais dans les douches du sous-sol en allant sur ma droite et à gauche je voyais une porte ou était inscrit réserve et sur la suivante chaufferie, toutes deux se trouvé fermer a clés. Autour des bâtiments, il y a des petits espaces verts éparpillés, dont un qui se trouve caché derrière la cuisine et difficile d’accès. Quant mon groupe fut entré dans le dortoir, je distingué un carré fait de grosse toile qui ce trouve collé dans le fond. Un coin réservé aux surveillants (es), et ça ressemble beaucoup à une cabane au fond d’une pièce, c’est aménagé à l’intérieur d’une façon pour le moins spartiate. Une armoire, un grand lit avec table de chevet habillé d’une petite lampe en verre. Dans ce dortoir, mon lit est le seul à être à l'opposé des autres, il se trouve être le premier juste à gauche, en entrant ou près de la sortie à droite, tout dépend dans le sens que tu viens. C’est mon armoire qui empêche la porte de cogner contre mon lit, les classes comme les dortoirs sont modelés de telle façon que nous sommes repartis selon nos différences d'âge. P87
**Nous sommes séparés sellons nos âges les 8 à 10 ans puis les 11 à 13 ans et les 14 à 16 ans. Le temps est toujours relatif, mais cela va faire maintenant une petite semaine que je suis arrivé. Un habitué, un mec de 16 ans grand et sec me fait savoir que le bâtiment est un ancien pensionnat pour jeunes filles, et qu'ils sont une vingtaine de garçons de son âge à être installés au 2e étage sous les combles. Pour ce qui est de l'hygiène corporelle et après chacune de nos sorties de plage, nous passons tous les jours aux douches communes, deux salles séparées par les mêmes groupes d'âge. Comme tous les mômes, sous les pommes de douche on se chahute avec énergie, autant par les gestes que la parole. Chacun dans les douches, vu son âge, regarde et cherche une différence physique avec un petit regard en dessous sur l'allure générale que son corps offre. Déjà chacun recherche si sa puberté est plus avancée par apport aux autres, quelques vannes tombent par-ci par-là, ce sont souvent les mêmes d’ailleurs. Cela arrive surtout quand ce sont les grands qui passent devant nos douches. P88
**Des mecs un peu cons pour la plupart, comme leurs très mauvaises vannes (regardé la classe pipi ou biberon, ou encore un peu plus marquante alors on vient pour changer sa couche les chéris et la plus minable de toute, bonjour les filles). La plupart de ces mecs veulent se croire intéressant, bref des grands cons ados quoi. Il y a une douche qui se trouve écartée des autres, elle est munie d’un rideau obstruant sa visibilité, celle-ci est réservée au surveillant. Et nous avons, au bout de trois jours, fini par remarquer que très souvent une autre personne vienne y rejoindre la première déjà sous cette douche. Leur séance de tripotage ou encore quand il se colle l'un à l'autre avec des mouvements de bassin, nous les entendons rire quant nous chuchotons en apercevant tous leurs mouvements en ombre chinoise. Cela na pas l’air de leur crée une gêne. Cette petite bande de gamins pubère, un tant soit peu à la recherche de nouveauté, voyeur par nécessité et qui matent un couple se faire des caresses bien chaude. Même si on ne comprend pas encore tout, pour nous c’est une découverte importante. P89
**Certains garçons se mettent à bander, je ne suis pas le denier et cela m’arrive souvent depuis mes neuf ans. Je m’amuse très souvent avec mon objet, les autres ont fini par me nommer verge au lieu de Sergio, je m’en balance sa ne me gêne pas du tout et de plus, je me sens exister dans ce milieu. Dans chaque groupe vous trouvez toujours une personne qui se démarque des autres et pour le coup ce petit bonhomme s'appelle Xavier. Il est du sud et très timide. La malchance l'a affublé d'un zizi de quatre centimètres, qui n'a pas trop évolué depuis sa naissance, il m'a confié dès les premiers jours sous la douche que bientôt, il allait se faire opérer. Mais voilà qu’un matin ! Un grand de 16 ans François s'est mélangé à notre groupe, en pénétrant insidieusement dans nos douches, en cherchant tout simplement à nous mater. Un petit vicieux certainement, il fallait bien qu’un jour cela arrive on ne peut pas, tout empêchait. À peine est-il entré, qu’il en vient très méchamment à se moquer de certains garçons, sur la taille de leur objet ! À 12 ans ta construction est en attente, même si tu parais plus en avance. P90 |